Oui on n'arrive pas à passer ce cap… Comme vous, on est très déçus d'avoir perdu à Londres, malgré le fait qu'on a dominé. C’est un bilan qui est très mitigé, il faut le dire. On cherche tous ces 80 minutes où on montre vraiment notre rugby dans un match complet. On est contents de quelques éléments, notre ligne arrière qui provoque, qui crée des situations, qui marque des beaux essais. Mais au milieu du terrain, dans les zones de collision, on a les porteurs de balle qui dominent le moins, notre paquet d'avant a vraiment besoin de faire un petit peu plus si on veut rivaliser avec cette équipe de France.
Les ailiers déjà, je pense que les deux équipes ont des ailiers avec des qualités hors normes. Bielle-Biarrey - Graham, tu as deux mecs qui sont ultra rapides. Bielle-Biarrey explose tout le monde, mais Darcy Graham c’est un peu notre Cheslin Kolbe à nous. Et de l’autre côté, Damian Penaud contre Duane Van Der Merwe, deux grands ailiers qui te bouffent sur 100 mètres, qui marquent des essais extraordinaires. Après, le principal challenge sera devant. Comment on peut tenir en mêlée, les mauls si on peut piquer quelques touches? Est-ce que nos porteurs peuvent trouver de l’avancée? C’est la question.
C'est le jeu, il faut jouer le jeu, il n'y a pas de loi qui dit le contraire. Il faut utiliser ses points forts et jouer avec les points faibles de l’adversaire. On a vu l'équipe sud-africaine qui a utilisé la même stratégie, ça marche très bien, et cette équipe de France a une explosivité incroyable avec 2, même 3 paquets d'avant.
Nous, on n'a pas de profondeur, on n'a que deux équipes professionnelles: Edimbourg et Glasgow, et avec ça, il faut aller à la guerre contre le Top 14, la Pro D2 et la Nationale ! Le 7-1, on aimerait bien, mais on n'a pas les moyens. Vous avez un paquet d’avants avec une trentaine de mecs qui peuvent jouer et dominer les collisions, c'est ça le jeu, on a tendance à parler des systèmes de jeu, mais c'est un jeu de collisions.
Si on enlève Finn Russell et Zander Fagerson par exemple contre les Gallois, pendant 30 minutes c'est porte ouverte, on perd le fil, notre mêlée souffre. On a un 15 de départ qui peut rivaliser avec toutes les équipes mais on a besoin de garder nos meilleurs joueurs sur le terrain, sinon ça devient compliqué. Un Ntamack remplacé par un Jalibert, par un Ramos, ça n'existe pas chez nous. On ne peut pas avoir Antonio, Aldegheri, et Slimani si besoin. On a 15 mecs, 23 à la rigueur mais pas 40.
Oui, ça l’est pour l'équipe. Greg Townsend a aussi de la pression et veut continuer son job. Et individuellement, ils jouent tous pour une place avec les Lions Britanniques. C’est un peu un match de détection pour être vu par le staff des Lions. Ils ont tous besoin de prouver à Andy Farrell, qu’ils ont le niveau pour gagner un billet dans son avion et partir en Australie avec lui
C'est notre meilleur 10 depuis longtemps, j'ai adoré regarder ce mec quand il était en France, et maintenant à Bath. C’est bête de critiquer cette fin de match à Twickenham, où il manque une transformation en bord de touche car les essais, on les a créés grâce à lui. Il tient ses matchs, il est intelligent, technique, propre dans son exécution. Comment il va distribuer un ballon, faire des bons choix devant la ligne d'avantage, c'est ça qu'on apprécie beaucoup chez lui.
Ce n'est pas que lui, je pense qu’on a besoin de produire nos 80 meilleures minutes de ce tournoi, et peut-être de l'ère Townsend si on veut gagner ce match. En face il y a une équipe de France qui marche sur tout le monde. Nos trois quarts produisent beaucoup avec très peu de ballons, donc notre pack a besoin de dominer quelques collisions, en défense ou en attaque, pour nous faire avancer. Mais vous avez Fabien Galthié, c'est le meilleur coach que j'ai croisé sur ma route et on est tous sûrs que vous allez créer du beau jeu.
Tout était facile quand je l’avais en coach. Quand je jouais avec l’Ecosse, on essayait, on jouait très dur mais on était très limité niveau organisation, c'était une autre époque. Fabien a été le premier qui donnait un cadre de jeu, un système, les indices à suivre, les astuces. Il avait tout et quand tu jouais pour lui, avec lui, le rugby, c'était facile. Il donnait 10 ou 15 % supplémentaires à tous les joueurs. Et c'est un très bon orateur, comme un bon prof. Il peut prendre le ballon et te montrer physiquement, il peut désigner avec un tableau, t'expliquer oralement. Il a tout, en fait.
Déjà, c'est toujours un match compliqué parce qu'on joue contre un monstre du rugby mondial. En Écosse, on ne se rend pas trop compte de la taille de ce pays, du nombre de licenciés. Vous avez un système de formation qui est fantastique. Il faut s'envoyer comme des chiens pour juste être au contact. On n'a jamais été favoris contre l'équipe de France. Jamais.
J’adorais ça, d'être à Montpellier et d’affronter François Trinh-Duc, Fulgence Ouedraogo, d'être à Castres, et jouer contre Rory Kockott, Rémi Lamerat. En fait, c'était énorme. Et puis de partager les cultures parce que t'es proche des mecs et qu’ils sont comme chez nous. On s'éclatait. J'étais à Edimbourg ce week-end avec François Trinh-Duc, qui était en kilt avec une tenue écossaise, et notre maillot. C'est beau ça.
Maintenant, un match comme celui de samedi a encore plus d'importance pour une famille comme la mienne parce que mes enfants sont nés ici, mes garçons jouent au rugby à Hossegor. Le petit, lui, c'est Antoine Dupont, Mbappé et l'équipe de France. Finn Russell, il s’en fout complètement. Mais c'est quand même chouette.
2025-03-12T19:13:26Z